Rapport de la présidente – Margareta Sörenson
Assemblée générale, 15 mai 2021
Selon nos statuts, les présidents de l’AICT dirigent normalement l’Association pour trois mandats de deux ans, ce qui donne un maximum de six ans, parfois sept selon la planification du Congrès. Dans mon cas, une septième année comme présidente a dû être ajoutée, à cause de la pandémie qui nous a obligés à repousser notre congrès deux fois. Mais cette septième année s’est avérée très particulière.
Une année normale : 2019
Sept ans, c’est beaucoup, et personne n’aurait pu prédire tous les défis causés par la pandémie au début de 2020. Lorsque nous nous sommes rencontrés pour notre 30e congrès à Saint-Pétersbourg, en 2018, le monde avait certes l’air compliqué, mais nous pouvions être satisfaits de notre programme de stages, de colloques, et notre plus grande visibilité internationale. L’année suivante, 2019, a donc pu être comblée, avec un colloque international à Bratislava, en Slovaquie, deux réunions du Comité exécutif (Comex), à Montpellier et à Chicago – organisées avec talent par Jean-Pierre Han en France et Jeffrey Eric Jenkins aux É-U. La même année, je suis allée deux fois en Chine, une fois pour présenter des prix à un concours de critiques organisé par nos collègues chinois, en partenariat avec le Festival Laoshe, invitation pour laquelle je remercie en particulier Peng Tao. Ensuite, je suis retournée en Chine en décembre 2019 pour prendre part à la Rencontre des partenaires de l’Institut international du théâtre (IIT/ITI), qui est notre intermédiaire auprès de l’UNESCO. Le résultat de cette rencontre a été une entente nommée « Memorandum of Understanding » (MOU), qui concerne ce partenariat entre l’IIT/ITI et l’AICT-IATC, qui nous permet, « au besoin et lorsque c’est approprié » d’utiliser la désignation « ITI-UNESCO ». Évidemment, nous ne doutions pas alors de l’utilité de ces liens avec des organisations partenaires, en cette année de pandémie.
Le report du Congrès de 2020
Tout paraissait normal, et nous faisons les plans pour notre congrès à Bratislava en mai 2020, lorsque la pandémie s’est abattue sur la planète. Déjà en février, il était clair qu’un congrès en présence serait impossible, aussi l’avons-nous repoussé à l’automne 2020. Mais assez vite, avec nos hôtes du Festival du Nouveau Théâtre et la section AICT à Bratislava, nous avons compris que le congrès devait être reporté d’un an. À l’automne, il est en effet devenu évident que les voyages ne seraient pas très possibles en 2021, aussi avons-nous cherché une alternative. Fallait-il repousser encore le Congrès, ou essayer de l’organiser en ligne ? Nous avons eu de précieux conseils de l’ASSITEJ et de l’UNIMA, qui étaient aux prises avec une situation semblable. Petit à petit, notre comité exécutif a été prêt à envisager un congrès en ligne, alors que nous avions déjà acquis de l’expérience à organiser des activités en ligne, et que plusieurs de nos collègues se sont habitués au télétravail. Plus tard, nous avons pris la décision de séparer les éléments constitutifs du congrès soit l’Assemblée générale, le colloque international et la remise du prix Thalie.
Un nouveau chapitre dans la vie de l’AICT
Les théâtres, les opéras et toutes les salles ont été fermés partout sur la planète. Que pouvaient faire les critiques ? Sur un plan national, plusieurs parmi nous ont fait preuve d’invention et de créativité dans une situation très difficile qui est survenue soudainement. À l’évidence, tout ce que nous aurions pu faire normalement comme organisation internationale allait devoir changer. Notre priorité consistait à recourir à des « membres de la base » de l’AICT aussitôt que possible, pour comprendre ce que faisaient les sections nationales, et pour refléter leurs activités dans cette situation nouvelle. Parmi nos membres, comme parmi les artistes, on expérimentait de nouvelles méthodes, aussi est apparue l’idée d’une Section Corona dans notre site Web. Nos moyens de communication avec nos membres sont le site de l’AICT, des lettres aux membres, ainsi que Critical Stages/Scènes critiques. Pour diffuser une information sur les confinements et l’annulation des spectacles de théâtre et des festivals, le site était notre meilleur outil. L’introduction à la Section Corona aurait pu être mise en place plus vite, mais elle a été là en avril 2020, alimentant nos comptes sur les médias sociaux Facebook et Twitter. Natalia Tvaltchrelidze, de Géorgie, a été nommée adjointe à Ragıp Ertuğrul, membre du Comité exécutif de Turquie, pour s’occuper des médias sociaux. Grâce à son talent, notre « visage » sur le monde a été amélioré, en français comme en anglais.
Même avant l’été 2020, Ivan Medenica a organisé un colloque en ligne, et un autre en septembre. Les deux s’intéressaient aux défis de la pandémie et à son impact sur les arts du spectacle vivant. À l’automne 2020, deux stages de petite taille ont été organisés, dirigés par Deepa Punjani et Mariko Anazawa, membres du Comex de l’Inde et du Japon.
La chose qui n’a pas changé avec la pandémie, c’est Critical Stages/Scènes critiques, qui, sous la direction avisée de Savas Patsalidis, a continué à travailler comme une horloge, chaque numéro paraissant comme prévu. L’augmentation des visiteurs uniques sur le site constitue la preuve de l’intérêt pour notre revue de grande qualité, qui est désormais indexée sur SCOPUS, la plus importante base de données de résumés et de citations.
Notre visibilité et notre présence ont été les mots clés en ces temps de pandémie. Pas facile, alors que toute la planète – universités, théâtres, réseaux de toutes sortes – ont déménagé en ligne. Comme présidente de l’AICT, j’ai toujours essayé d’accepter des invitations pour des activités en ligne lorsque c’était possible. À l’Assemblée générale de l’IIT/ITI, en décembre 2020, j’ai pu représenter l’AICT par un vidéo sur nos activités. En mars 2021, j’ai présidé une activité pour l’UNIMA et participé au congrès de l’ASSITEJ. J’ai aussi pris part à un colloque géorgien en ligne, grâce à Irina Gogoberidze, et fait un bref discours à un festival de théâtre de Roumanie, à l’invitation de Ludmila Patlanjoglu.
La démocratie en temps difficiles
L’AICT possède une structure classique de démocratie représentative. Les sections nationales et régionales choisissent dix représentants qui constituent le comité exécutif, organisme qui dirige l’organisation. Un Bureau, composé de la présidence, du secrétariat général, de la trésorerie et de leurs adjoints, exécute les décisions du Comex. Il y a habituellement chaque année deux réunions du Comex et du Bureau où nous discutons de l’évolution de l’Association et engageons de nouvelles initiatives. Comme la pandémie a rendu impossibles les réunions et les voyages, il a fallu trouver d’autres moyens de communication et de prises de décision. Comme présidente, j’ai fait de mon mieux pour faire participer le comité exécutif dans toutes les questions concernant l’Association au cours de cette période extraordinaire. Par exemple, nous avons consulté par courriel l’ensemble des membres du Comex, les invitant à commenter. Nous avions souvent besoin de prendre des décisions rapidement, en matière d’activités, aussi ai-je dû parfois prendre mes responsabilités en tant que présidente, quitte à les faire ratifier par la suite par les membres du Comex. Je les remercie pour leur générosité et leur ouverture d’esprit, car nous avons tous réussi à nous adapter aux circonstances. La décision d’organiser l’assemblée générale en ligne a été difficile à prendre, ce qui a causé certains défis.
J’ai entretenu un contact étroit avec le Bureau comme avec les membres du Comex. Par moments, j’ai même eu des conversations téléphoniques quasi quotidiennes avec notre secrétaire général, Michel Vaïs. Avec le Bureau, plusieurs réunions ont été des séances de travail plutôt frénétiques. Parfois, j’ai consulté directement nos trois vice-présidents pour avoir leur avis et leur soutien, ce dont je les remercie profondément. Cette centralisation du pouvoir démocratique n’est pas idéale, mais elle a été nécessaire pour que notre Association continue à bien fonctionner. Par ailleurs, on pouvait voir facilement – comme en témoigne l’activité mise en ligne sur la Section Corona du site Web – que nos associations nationales ont aussi fait preuve de créativité.
À partir d’octobre et jusqu’à présent, le Comex s’est réuni en ligne tous les mois, consacrant ces derniers temps à la préparation rigoureuse de l’Assemblée générale, qui aura lieu en ligne le 15 mai 2021. Toutes les réunions du Comex ont eu lieu en ligne par Zoom grâce à Jeffrey et à l’Université de l’Illinois. Chaque réunion était préparée avec un ordre du jour et accompagnée de procès-verbaux mis en ligne sur notre site Web. Les nombreuses rencontres du Bureau conduisaient à des décisions, aussi je remercie les membres du Bureau pour son efficacité. Dans la planification de l’Assemblée générale, nous avons recouru aux services de Tasos Paschalis, le webmaître de Critical Stages/Scènes critiques, notre revue qui a aussi servi de plateforme pour les colloques de l’AICT. La patience de Tasos et sa générosité ont constitué un immense soutien dans notre travail.
Il est maintenant évident pour nous que la situation extraordinaire de la pandémie nous a obligés à agir en ligne très rapidement. Plus d’une fois, nous nous sommes rendu compte que nos règlements actuels ne comportaient pas de directives concernant les activités en ligne qui sont en croissance constante. Une mise à jour et une modernisation de nos statuts seront donc une tâche importante à entreprendre pour les prochains dirigeants de l’AICT.
Enfin, je voudrais remercier notre secrétaire général, Michel Vaïs, avec qui j’ai travaillé de près depuis 2014. Je nous imagine comme une paire de vieux chevaux, affrontant tous les temps, sur toutes les routes, pour parvenir à livrer une charge importante.
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(Traduit de l’anglais par Michel Vaïs)