Plus vulnérable que plusieurs autres arts, la vie de la danse tremble en cette époque de Coronavirus. Les maisons d’opéra sont fermées, les danseurs s’entraînent chez eux. Pis, la plus grande partie du monde de la danse consiste en compagnies indépendantes sans lieu de représentation, mais qui répètent pour partir en tournée à travers le monde. La danse est un oiseau migrateur souvent pris dans un filet de ressources limitées et de structures fragiles.
La danse survivra sans doute au Corona. L’humanité danse depuis que le monde est monde, et n’arrêtera jamais de danser. Mais comment, quand, où et pour qui ? Les critiques de danse font partie du public d’amoureux de la danse, qui souffrent et s’ennuient avec les danseurs. Nous essayons tous d’accomplir de nouvelles tâches, comme de rendre compte de spectacles diffusés en direct, ou de soutenir les artistes le mieux possible.
À l’occasion de la Journée internationale de la danse 2020, l’IIT-UNESCO a publié un message pour le monde entier. C’est celui du chorégraphe et danseur sud-africain Gregory Vuyani Maqoma, qui nous dit : « Nous nous dirigeons à travers des tragédies inimaginables, à une époque que je pourrais décrire comme l’ère post-humaine. Plus que jamais, nous devons danser avec détermination, pour rappeler au monde que l’humanité existe toujours. »
Ce message a été écrit avant que la pandémie à coronavirus ne frappe le monde. Gregory Vuyani Maqoma a pour cibles les catastrophes mondiales de notre temps : migrations, conflits, changements climatiques, ainsi que le refus de contrer ces nouveaux besoins par des mesures appropriées. Avec le coronavirus qui s’ajoute, ses paroles deviennent encore plus pertinentes :
« La danse est la liberté et, grâce à la liberté que nous avons trouvée, nous devons libérer les autres des pièges auxquels ils sont confrontés dans différents coins du monde. La danse n’est pas politique, mais le devient parce qu’elle caresse dans sa fibre un lien humain et répond donc aux circonstances dans sa tentative de restaurer la dignité humaine. »
Je suis d’accord. Nous, critiques du monde entier, nous approuvons.
Margareta Sörenson,
critique de théâtre et de danse
Présidente de l’AICT