On définit généralement la nouveauté comme quelque chose de neuf, de novateur, à la pointe. Quelque chose qui est à l’opposé de vieux, qui a un caractère récent, qui contient de la fraîcheur, de l’innovation, bref, qui est bien d’aujourd’hui. Il n’y a pas de liste fermée de mots pouvant décrire l’originalité, le caractère étrange ou non familier. Certains de ces mots sont contradictoires, d’autres tendancieux, combatifs, voire compromettants. Mais ce qu’ils ont en commun, c’est un caractère insaisissable, un trait associé à l’histoire et à l’ontologie du théâtre lui-même.
En tant que forme d’art, le théâtre a toujours été un champ de bataille pour la nouveauté. Certains chercheurs considèrent la modernité théâtrale comme l’ère de la nouveauté. À juste titre. Les changements qu’a engendré l’industrialisation de l’Europe ont favorisé un bouleversement comparable dans le monde du théâtre et de la représentation. Surtout, le premier quart du vingtième siècle fut une période d’innovation artistique extraordinaire, qui s’est achevée à la fin des années 1920, avec le krach économique et les métamorphoses du climat sociopolitique consécutives à la montée du fascisme et aux catastrophes de la 2e Guerre Mondiale, pour ne ressurgir que pendant les décennies 1960 et 1970. L’émergence d’une société de l’information postindustrielle a suscité, comme on le voit, des transformations essentielles, aux conséquences aussi (sinon plus) importantes que celles de la Révolution industrielle.
Organisé par le Festival BITEF (Belgrade) en collaboration avec l’Association internationale des critiques de théâtre (AICT) et sa revue Web Critical Stages/Scènes critiques, le colloque Nouveauté et théâtre mondial : entre marchandisation et nécessité artistique comprendra des communications qui réfléchiront aux problématiques et aux (im)possibilités de la « nouveauté » dans le théâtre contemporain ou la représentation contemporaine, sur les plans théorique et pratique. La nouveauté est-elle tombée dans un cul-de-sac ? Sa nature rebelle est-elle devenue une recette, sa critique, une rhétorique vide et ses transgressions, une cérémonie répétitive et réifiée ? Dans une culture artistique mondialisée et commercialisée où les structures de pouvoir et les stratégies de domination fixent les règles du jeu, ce colloque s’intéressera à la dichotomie entre art innovateur et simple commercialisation.
Comité organisateur :
Savas Patsalidis (Président)
Rédacteur en chef – Critical Stages/Scènes critiques (AICT)
Margareta Sörenson
Présidente de l’AICT
Octavian Saiu
Secrétaire général adjoint de l’AICT